Remembrance

Jean-Michel Cavalli, comme beaucoup, a eu de nombreuses vies. Effleurons tout d’abord celle du peintre, reconnu, aux multiples prix et distinctions, exposé dans de nombreuses galeries à travers le monde. Avec une écriture mi figurative, mi abstraite et une palette tout aussi lumineuse que riche en couleurs, l’artiste peint une ambiance venue d’ailleurs et nous montre des paysages vivants et animés où l’homme à toujours sa place. Les années passent et en 2013 des moments difficiles lui font prendre conscience à la fois de la fragilité et de la préciosité de la vie. Cette même vie qui va l’amener au fil du temps à changer progressivement de voie. De fils en aiguilles, d’os en cuir, bref, tout doucement, Arka pointe le bout de son nez et se lance dans l’assemblage d’objets hétéroclites. De ses souvenirs inconscients jaillissent des personnages aux inspirations de toutes cultures, extrêmement mystérieux, voire mystiques. Au premier regard, l’impression d’un amoncellement de bouts de ficelles, mais ces créatures ne nous lâchent pas et nous obligent à les dévisager. Et l’on se rend compte de la justesse du détail, de l’équilibre périlleux, de l’énergie folle qui nous aspire. Certains l’appelleront Art brut, d’autres l’Art des fous, beaucoup l’ont détourné et se le sont appropriés, mais peu y sont arrivés ; nous pouvons souhaiter la bienvenue à Arka pour sa légitimité. On ne ressort pas indemne d’avoir frôlé par la prunelle les œuvres d’Arka. Un peu comme si le miroir d’un passé plus que lointain nous faisait face, avec ses peurs, ses joies, ses peines, son humanité... La vie quoi !